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Anatomie d'une réalité alternative


Comment écrire ce qui n'existe pas?

Se plonger dans l'écriture d'un gamebook fantasy, c'est aussi créer un univers, le rendre tangible pour le lecteur.

Pour un roman historique, il faut de bonnes connaissances mais avec beaucoup de recherches, on trouve toutes les ressources nécessaires.

Un univers fantastique, c'est déjà plus compliqué de trouver des manuels d'histoire-géo! Alors oui, on peut se baser sur un fiction déjà existante mais on se confronte aux droits d'auteur et au plagiat.

Autant partir de zéro et créer son propre monde, puisque c'est quand même la motivation première de ce type de projet.


Un des blocages que j'ai rencontré quand j'ai commencé à écrire les heures bleues fut le registre lexical. Je voulais faire une description et indiquer qu'un objet se trouvait à quelques mètres. Oups. Le système métrique étant par évidence anachronique dans un monde médiéval, je me suis dit qu'il serait plus juste d'employer les mesures british old school (miles, pieds, pouces et autres coudées). Mais en définitive, le lecteur n'y comprendrais rien. (Et moi aussi...). Alors tant pis, on reste sur le mètre!


De cette réflexion, je suis resté sur le qui-vive. Comment garder une ambiance cohérente pour un univers fantastique tout en gardant une bonne compréhension du texte.

Soit j'emploie des vieux termes (mais il faut que je mette un raccourci wikipédia dans le menu du jeu!), soit j'invente des nouveaux mots (et je remplis mes textes d'explications épaisses comme un dictionnaires), soit je m'embête pas avec tout ça et je privilégie un accès simple au dépend d'une immersion réussie.


Au final, (pour l'instant), j'ai pris un shaker et j'ai mélangé ces trois options. Garder un juste milieu entre réflexion nécessaire et cogitations inutiles.


Je me suis rappelé un livre qui avait pris l'option 2 avec les réglages à fond! Le Neuromancien de W. Gibson. Précurseur du Cyberpunk, bien avant Matrix ou Ghost in the shell, il posa les règles du genre. Le roman, abrupt, confrontait le lecteur à un déluge de néologisme. Gibson parlait d'un monde futuriste, Cela impliquait des mots qui collent à cette uchronie. Pour Gibson, pas d'explication de texte, le monde a évolué, le vocabulaire a changé, à chacun de comprendre ce qu'il peut! Il fallait donc s'accrocher pour tenir le fil de la lecture. De tout ça, il me reste une immersion totale dans un univers hors du temps, une poésie électrique. Plus que de simples mots, il a propulsé un style, l'amorce d'un genre qui perdure encore aujourd'hui. (Cyberpunk 2077, cd project red).

Je vous invite à lire cet article qui en parle bien mieux que moi.



Et pour l'option 1, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dite Amérique de Jean de Léry. L'exemple même du récit d'aventure. C'est presque écrit en vieux français. On suit le voyage des premiers colons, on y découvre une faune inconnue, une terre vierge et les aléas des voyages maritimes. Le livre publié en 1578, garde son vocabulaire d'époque et c'est ce qui fait tout son charme. On en ressort envoûté. Le Brésil est encore à l'époque un monde fantastique, hors de la réalité des colons européens. Là encore, la précision du vocabulaire employé nous transporte immédiatement dans une ambiance tangible.

Mais il y a tellement de choses à dire sur ce livre que je prendrais sûrement le temps de vous en parler un peu plus dans un prochain article.


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